MBF Technologies - Saint-Claude (Jura) : la grève qu'il fallait

Publié le par Correspondant LO - 27 novembre 2009

Saint-Claude, petite ville du Jura, vit en grande partie du travail d'une usine installée depuis longtemps et produisant des pièces en aluminium pour l'industrie automobile, notamment des carters. MBF Technologies emploie au total 450 salariés répartis sur deux sites, et c'est là qu'une grève a démarré mardi 17 novembre.

Alors que des salariés réclamaient pour la énième fois des conditions de travail décentes, le directeur leur a déclaré qu'ils n'avaient qu'à « prendre le portail ». Les présents lui ont répondu que c'était à lui de le faire et que, puisque c'était comme ça, ils se mettaient en grève. Le mouvement a été immédiatement suivi par la quasi-totalité des ouvriers, soit 300 personnes qui, depuis, occupent l'usine par roulement.

Il y a effectivement de quoi être en colère : depuis deux ans et demi que l'équipementier automobile Arche a repris l'usine, après que la vieille famille Manzoni-Bouchot qui la détenait depuis longtemps l'a vendue, tout est laissé à l'abandon, aucun entretien, aucun investissement n'est fait. Ainsi il pleut dans les ateliers et l'eau peut même tomber sur un four, ce qui représente un danger mortel, l'équivalent d'une bombe. Tout est dans un état déplorable : il faut amener de chez soi son papier toilette, son savon, ses outils parfois, laver ses bleus chez soi, et tout est à l'avenant...

D'autre part, cette année a été une des plus dures que le patron ait fait vivre au personnel. Outre un plan de 166 suppressions d'emplois en juillet dernier, le patron a aussi imposé du chômage partiel payé seulement à 60 % du salaire brut, ce qui a représenté une perte de salaire de plusieurs centaines d'euros. Cela alors que les salaires sont déjà bas : 73 personnes par exemple gagnent moins de 9 euros de l'heure.

Pas étonnant que le groupe Arche soit devenu le numéro un français de la fonderie aluminium pour l'automobile et même « un champion européen » comme il aime se définir, car c'est avec la peau de ses salariés qu'il y réussit.

Les travailleurs demandent un euro de l'heure d'augmentation et l'amélioration des conditions de travail. La direction a proposé une prime de 200 euros, et seulement pour ceux qui ont eu du chômage technique, ce que les grévistes ont refusé. Elle les menace maintenant d'un plan de cent suppressions d'emplois. Guère impressionnés, ils ont décidé de continuer. « La marche arrière est cassée », disent-ils. Pour eux, c'est le bon moment pour exiger leur dû, car PSA et Renault n'ont que quelques jours de stock et, sans leurs pièces, ils devront rapidement arrêter des chaînes. De plus, la direction prévoit de remettre du chômage en janvier.

Mais surtout il y a de quoi être décidé à rendre coup pour coup à cette direction si arrogante. Comme l'a dit un gréviste : « Il y a le monde entier ici, depuis l'Asie jusqu'à la Méditerranée, mais il n'y a pas de différence entre nous et on restera tous unis. »


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